Le secteur laitier en Haïti.

La filière des produits laitiers en Haïti est un marché de l’équivalent d’environ 120 millions de dollars USD de chiffre d’affaires annuel, qui offre des opportunités d’investissements pour le secteur privé et concerne généralement 3 principaux acteurs. Les producteurs, les vendeurs de produits laitiers, les transformateurs. Il est à noter que les produits laitiers font partie des 5 plus gros Item d’importation du pays, pour environ 70 à 90 millions de dollars US par an.

D’après des données publiées par le Dr Michel Chancy, ancien secrétaire d’état à la production, en partenariat avec la FAMV (faculté agronomique et de médecine vétérinaire) et l’université Quisqueya, le pays possède plus de 1 million de bœufs, recensés qui ont été identifiés, dont 500,000 sont des vaches adultes, appartenant à plus de 460,000 familles, qui produisent 97 % de la viande de bœuf consommés dans le pays et qui théoriquement pourraient également fournir la quantité de lait nécessaire à la consommation actuelle. Aujourd’hui, ces vaches ne produisent que 25 à 30 %. Dans les grandes régions productrices de lait (Cap Haïtien, Cayes, Léogâne), la production locale représente 30 à 45 pour cent de la consommation des familles. Dans d’autres régions, notamment à Port-au-Prince, la consommation de lait locale est négligeable, car le produit n’est pas disponible. Il est noté que le lait local est le préféré des consommateurs, là où il est disponible, pour sa valeur nutritive, son goût, son prix et son origine nationale.

Selon Dr Michel Chancy, le secteur laitier haïtien existe, mais fait face à une multitude de problèmes telle que :

L’électricité, un élément indispensable à la conservation, car les produits laitiers sont des produits hypersensibles qui nécessitent d’être conservés à basse température.

L’insécurité, le vol de bétail dans certaines régions malgré les dispositifs de sécurité mise en place par le ministère de l’Agriculture telle que l’identification du bétail par les anneaux et un carnet. Malgré ces barrières, cela n’empêchent pas les réviseurs de s’emparer des bétails du paysan, situation qui met les propriétaires dans un perpétuel recommencement et de déficit totales, car généralement, les vaches sont considérées comme étant le compte bancaire du paysan .

L’élevage isolé, l’individualisme, une réalité qui peut être considérée à tous les niveaux comme une faiblesse dans le domaine agricole haïtien. Le secteur laitier n’en fait pas exception, car l’élevage familial à petite échelle ne peut pas répondre à elle seule aux exigences du marché national d’où une concertation entre les acteurs se révèle capitale pour le développement du secteur laitier en Haïti.

Le processus de production du lait en Haïti suit le schéma suivant la première étape consiste en la traite du lait par son propriétaire. En second lieu intervient la collecte qui peut se faire de manière individuelle ou par un grossiste pour ensuite le transporter au centre de traitement (Lèt Agogo ) dans les régions munies de laiteries, qui à son tour produisent les produits dérivés comme le lait stérilisé, le yaourt, et ensuite les distribuer au grand public, pour la Consommation finale. Le circuit peut se faire de manière directe entre le propriétaire au consommateur final .

Le secteur laitier, un secteur en état d’urgence, pour améliorer le secteur laitier haïtien l’ancien secrétaire d’état à la production analyse les problèmes à trois niveaux et en propose plusieurs pistes de solution et le remaniement de plusieurs structures préétablis, à savoir, la production, la transformation, la commercialisation.

Au niveau de la production, plusieurs points sont à restructurer comme la sécurité physique et alimentaire des bétails. Vu que le lait est un produit dérivé des vaches, l’Etat devrait mettre en place un système de sécurité qui garantisse la protection des bétails du paysan contre tout individu mal intentionné.

Les soins vétérinaires, dit le zootechnicien, les exigences sanitaires sont plus ou moins respectées, mais insuffisantes, car le paysan devrait avoir à sa disposition des campagnes de sensibilisation continue sur les bonnes pratiques vétérinaires afin de prendre soin de leurs vaches correctement pour avoir un lait d’excellente qualité. Car en Haïti, la fonction première des vaches est de nourrir ses veaux. L’éleveur, à en général très peu de connaissances sur la conduite d’un élevage laitier.

L’alimentation, à la connaissance de tous la qualité et la quantité du lait dépend directement de l’alimentation des vaches. En Haïti, généralement, nos vaches sont mal nourries, car le régime alimentaire n’est pas équilibré, généralement saisonnier, car les propriétaires alimentent leurs bétails en fonction de l’abondance des denrées alimentaires. Ce qui a un impact négatif sur le dit secteur vu qu’en période pluvieuse le lait en possède plusieurs autres produits qui lui sont substituables.

Les mutuelles de solidarité, elle existe déjà dans plusieurs régions du pays les paysans s’associent pour créer des structures économiques durables, les mutuelles de solidarités sont des structures qui permet à ses membres généralement les paysans d’augmenter leurs cheptels de bétails, ce qui augmenterait directement la production de lait à l’échelle nationale et réduira considérablement les importations en matière de produit laitier.

La transformation, mentionna Dr Chancy, la transformation est l’un des moyens permettant la conservation des produits laitiers et c’est dans ce contexte adverse, depuis 2000, l’ONG haïtienne VETERIMED a mis en place une action innovante et prometteuse de développement de la filière laitière en Haïti : création de groupements d’éleveurs et d’un réseau de très petites laiteries qui organisent la production, la transformation, et la commercialise sous la marque « Lèt Agogo » du lait stérilisé en bouteille, des yaourts. Le réseau Lèt Agogo compte aujourd’hui plus de 20 laiteries actives auxquelles sont associées environ 900 petits éleveurs qui possèdent chacun entre une et huit vaches. Il est à noter que la production journalière moyenne de l’ensemble des mini-laiteries atteint actuellement 2300 litres. 

Au niveau de la commercialisation, les problèmes sont nombreux et délicat car les produits laitiers étant très sensibles. c’est-à-dire, ils devront être écoulés le plus vite que possible. Suggéra-t-il l’état devrait nouer des partenariats avec les agents évoluant dans le secteur laitier en développant des partenariats durables, en intégrant le lait dans le programme alimentaire au niveau de ces différentes institutions académiques pour faciliter l’écoulement des produits laitiers le plus rapidement possible.

l’importation, mentionna l’ancien secrétaire à la production. L’importation est l’une des facteurs qui doit être contrôlée au plus haut niveau de l’Etat. Car le prix du marché national est fixé par le prix du marché international. en laissant entrer des produits laitiers généralement sans contrôle de qualité sur le territoire national vendus généralement à des prix dérisoires. Les consommateurs finals toujours à la recherche des produits bon marché s’empressent vers ces produits laitiers qui pour la très grande majorité ne sont pas faits avec du lait pur. On peut se poser des questions sur leur qualité. Et sur de possibles conséquences sur notre santé généralement ignorées de la part du grand public.

Malgré les différents problèmes rencontrés dans le secteur laitier en Haïti, il en reste un secteur vierge et chargé de potentialité parce que selon l’ancien secrétaire d’état à la production animale, certain en déclare que grâce à l’activité, ils arrivent à envoyer leurs fils à l’école voire même à l’université, pour certains le secteur demeure un secteur à fort potentiel et rentable.

Quel est le rôle de l’État à jouer dans la production et la progression du secteur laitier en Haïti ?


Auteurs Walter Darius Étudiant en agronomie, Saint-Pierre Robert ingénieure agronome.

La potentialité de la figue banane à Fondwa

Fondwa une petite localité méconnue de la part du grand public, dixième section de la commune de Léogâne, Département de l’Ouest, Haïti. Soit à 90 km au Sud-est de Port-au-Prince, c’est-à-dire elle se situe à mi-trajet entre le département de l’Ouest et du Sud-est d’Haïti.

Fondwa, un coin où les ressources ne se font pas manquées (géologiquement et climatiquement). Selon les données du centre météorologique de la zone, les températures peuvent osciller entre 27 à 15 degrés celsius, le record connu jusqu’à date est de 4 degrés celsius.

La figue banane, ce fruit originaire d’Asie du Sud, serait consommée par l’homme depuis environ 700 ans au fil des migrations humaines. Son mûrissage se révèle incontestablement pratiqué à Fondwa généralement par les femmes. Selon notre enquête sur le terrain, c’est une activité de vieille date, soit plus de 70 ans environ, qui se transmet de génération en génération.

Le mûrissement de la figue banane est un processus beaucoup plus complexe contrairement à ce qu’il peut paraître.

Elle est constituée de plusieurs étapes qui doivent être réalisées méticuleusement, telle que le dépattage : opération qui consiste à enlever les mains de la tige florale ou Hampe.

l’étouffage qui se fait généralement avec des stimulateurs riches en éthylènes tels que : l’abricot, bouture de patate douce, feuille de cassia fistula (cass). Saint-Hilaire Inocia (pratiquante), selon elle touts les excitateurs utilisés dans le processus de mûrissement produisent les mêmes effets, dont le principal but est d’accélérer la couleur jaune éclatante de la figue banane.

Le processus met environ 4 à 5 jours pour être prêt à la consommation humaine dépendamment de la variété utilisée.

À Fondwa, le processus de mûrissement se fait artisanalement, elle se déroule à majeure partie dans de gros paniers confectionnés à base de bambou par des artisans de la dite localité.

Cette activité, se révèle comme un agent de développement durable pour la zone, car elle permet aux praticiens généralement les femmes d’être quasi indépendantes des hommes, d’avoir un revenu pour subvenir aux besoins primaires de leurs familles. Selon les témoignages de certains praticiens, l’activité pourrait être très profitable si elle est menée à bien.

Aussi paradoxalement, qu’il puisse paraître, les sites de productions des produits bruts, la banane verte, n’est pas cultivés à Fondwa. Elle est tournée de préférence vers les zones environnantes telles que : Peredo, Marigot exceptionnellement Léogâne. À la grande surprise, les cultures phares de la zone sont de préférence les RTC (les Racines et Tubercules Comestibles) précisément la patate douce.

Selon les dires de l’agronome Lesly JOSEPH, plusieurs facteurs expliquent les raisons pour lesquelles le ravitaillement de la banane verte ne se fait pas sur place, mais de préférence retourné vers les zones périphéries. Il affirme que les conditions climatiques ne sont pas au rendez-vous et la géomorphologie de la zone en pente en est aussi l’une des causes, car la morphologie d’un milieu est un facteur déterminant du type de sol. Cependant, le type de sol rencontré à Fondwa est un sol ferrallitique, Contrairement dans les plaines ou le type de sol généralement retrouvé est du genre sablonneux ou alluvionnaires le type de sol modèle pour une plantation de banane.

Selon les dires de Saint-Hilaire Inocia, une marchande de figue banane. Malgré l’activité se révèle rentable, les pertes considérables ne sont pas totalement exclus du processus, car le mûrissage de la banane nécessite un tout complexe et un savoir-faire pointu, ajuster des logistiques d’approvisionnement en produit brut et l’acheminement des produits finis jusqu’aux consommateurs finals, car la figue banane est un produit extrêmement périssable.

Remarqua-t-elle << l’activité pourrait être beaucoup plus rentable si toutefois les aléas politiques étaient favorables. En conséquence, l’activité a connu une grande baisse durant ces derniers mois à cause de la situation d’insécurité généralisée >>.

Elle ajoute “ l’obstacle majeur est qu’il arrive parfois que nos marchandises sont coincées à Léogâne par faute de passage à Martissant situation qui nous met dans l’obligation de livrer nos marchandises à vil prix, car la figue banane est un produit qui doit être commercée immédiatement après son mûrissement”.


Auteur : Walter Darius, étudiant en agronomie.