On dit souvent qu’Haïti est un pays essentiellement agricole. Il est vrai que ce secteur se révèle d’une importance capitale dans l’économie du pays, pourtant, il est, jusqu’à présent sous-exploité en raison des risques majeurs, dont des aléas socio-économiques et politiques. Outre les faiblesses structurelles du pays, les contraintes du secteur sont multiples et complexes, et que ces dernières sont à tous les niveaux. Lesquelles pourront être, pour la plupart d’entre elles, contournées par la survalorisation des filières porteuses comme la cacaoculture et l’apiculture.
La cacaoculture, même avant la colonisation des Espagnoles à St-Domingue, avait déjà été considérée comme valeureuse dans les régions centrale et sud-américaine, au point que les Mayas et Aztèques en faisaient un breuvage appelé « chocolat » (eau amère) aux vertus nourrissantes, fortifiants et aphrodisiaques. Ça n’a pas pris que moins de trois siècles (soit au XIXième siècle) pour que cette production soit rependue à travers un très bon nombre de régions du monde.
En 2016/2017, la production mondiale de cacao représentait 4,55 millions de tonnes. Et selon une étude réalisée en 2011 par ACTED sur la filière cacaoyère en Haïti, la production nationale annuelle en cacao est estimée à 7 500 tonnes(www.acted.org, le cacao en Haïti : une richesse à valoriser). Bien qu’elle est loin d’être imposante, comparablement à la production voisine (la République Dominicaine), qui, annuellement offre une valeur estimée à 50 000 tonnes. Cette dernière figure toutefois, après la mangue et les huiles essentielles, parmi les produits primaires les plus exportés, et procure une valeur appréciable dans l’économie locale, en apportant uniquement, via l’exportation des fèves, annuellement 7 Millions de dollars américains(www.acted.org, le cacao en Haïti : une richesse à valoriser).
Au-delà de sa contribution à la croissance économique, le cacao contribue à l’amélioration de la sécurité alimentaire de bon nombre de ménages dans la Grande-Anse et le Nord qui en tirent directement leur subsistance.
Cependant, l’une des pratiques florissantes observées au cours de la précédente décennie, et qui est en train, via son produit différencié, de gagner quelques crédits à la lucarne des demandeurs étrangers reste bien sûr l’apiculture. Surtout marquée par sa valeur combinée d’une grande diversité de fleurs pour donner un miel original, pure et à la saveur haïtienne. Le miel, étant considéré comme l’aliment le plus nutritif existant sur la planète, a pris aujourd’hui une ampleur considérable sur le marché mondial. Il est en majeure partie composé de sucres (± 80%) rapidement assimilables par le corps : c’est un aliment recommandé pour les enfants, les malades et les travailleurs de force. Ce dernier a de nombreuses vertus sur la santé corporelle.
Dans un pays où, au plein 21ième siècle, l’accès à la nourriture reste une affaire de luxe, et que la déforestation continue, de jour en jour, à gagner au score de bon nombre de régions à fort potentiel agricole, et ceci, pour la production du charbon de bois, pour la fabrication des planchers ou encore, pour la construction. Ce qui est sensé un fait normal pour bon nombre des praticiens, avec surtout un État déresponsabilisé dans la protection de l’environnement en général, et de ses citoyens en particulier.
Pour pallier cette conjoncture épineuse, l’apiculture pourrait être une partie importante et imposante de la solution par ses différents impacts environnementaux positifs, portés sur la pollinisation des plantes mellifères pouvant aboutir à la stimulation de la productivité des écosystèmes forestiers, mais également comme source potentielle de revenus.
C’est dans cette quête d’alternatives prometteuses embarquant l’objectif d’offrir une meilleure valeur, tant sur le marché local qu’international, du cacao et du miel haïtien que SAVORA, une entreprise haïtienne récemment créée dans le secteur agroalimentaire, vise la promotion pour une production conjointe de ces derniers dans l’idée de facilité les amateurs de production(miel & cacao) à faire une exploitation plus écologique et économique en préconisant, dans leur verger cacaoyer, d’autres plantes mellifères. Lesquelles joueront un rôle compensateur aux cacaoyers, qui, considérés comme plantes mellifères, dans la production d’un miel de plus en plus en quantité et pure.
Se basant sur le niveau d’appréciation, de par leur nature, du miel et du cacao haïtien sur les marchés locaux et internationaux, SAVORA s’embarque, d’ores et déjà, dans cette démarche conservatrice comme alternative économique pouvant permettre, à priori, aux cacaoculteurs & apiculteurs de gagner beaucoup plus d’argent mais, à posteriori, au pays de rentrer beaucoup plus de devises par ses différents couloirs de l’exportation, tout en contribuant, d’un point de vue écologique, à la réduction de l’abattage des arbres qui constitue la principale source d’alimentation pour les abeilles.
Auteur: Sonel GILLES
Étudiant finissant en Agronomie à la FAMV de l’UEH et Co-fondateur de SAVORA