La patate douce, connue sous son nom scientifique Ipomoea batatas, est un produit très apprécié en Haïti. Elle peut être consommée sous différentes formes telles que les gâteaux, les frites, le pain à la patate (pour en savoir plus, lisez notre article sur le Festival de la Patate). Il est important de noter que la patate douce est riche en fibres, possède un faible indice glycémique, est riche en vitamines A, B6, B9 et C, ainsi qu’en cuivre et en manganèse. Elle offre de nombreux bienfaits pour la santé, notamment la réduction des risques de cancer et de maladies cardio-vasculaires, ainsi que l’amélioration des fonctions hépatiques.
La patate douce occupe une place importante dans la sécurité alimentaire d’Haïti. Sa capacité à rester dans le sol même après maturation en fait un aliment de substitution précieux en période de pénurie alimentaire et de ralentissement de l’activité agricole.
Plusieurs régions d’Haïti sont des productrices de patate douce. La région de L’Artibonite se distingue en tête avec 25,71 % de la production nationale, suivie par le département du Sud avec une contribution de 16,76 %. Ensuite, le département du Nord représente 12,03 %, suivi du département du Nord-Est avec 10,52 %. Pour finir, le département du Centre contribue avec 10,36 %. Cependant, il est important de noter que la disponibilité des données en Haïti constitue l’un des problèmes majeurs auxquels l’agriculture est confrontée. Ces données ont été collectées sur le site du ministère de l’Agriculture enregistrées depuis 2013. Il est essentiel de comprendre que l’agriculture est un secteur en constante évolution, et il est possible que ces données ne soient plus à jour aujourd’hui.
Cependant, ces derniers temps, les consommateurs finaux ainsi que les producteurs de patate douce dans différentes régions d’Haïti sont confrontés à un problème majeur qui entrave la production de la patate douce : un redoutable insecte, le “tiyogann” ou, scientifiquement, Cylas formicarylus. Cet insecte fait partie de la famille des Bretidae et peut être considéré comme l’un des principaux ravageurs de la patate douce à l’échelle mondiale. Il est important de noter que son nom vernaculaire peut varier d’une zone à l’autre, comme le “kanson fè” ou “Ti Landeng” ou “charançon de la patate douce”, en fonction de la localité.
Le mode d’attaque du Cylas formicarylus sur les plantations de patate douce repose sur différentes étapes de son cycle de vie. Son cycle se compose d’adultes, avec une durée de vie variable de 90 à 200 jours. Après la fécondation de ces adultes, les œufs éclosent en larves, qui passent par trois stades : L1, L2 et L3. Ensuite, viennent les nymphes, et après une période de 7 à 10 jours, le cycle recommence.
Il faut noter que le stade larvaire est celui qui pose problème, car la patate douce réagit naturellement en sécrétant une substance chimique appelée ipomoeamarone, formant ainsi des galeries noires dans les tissus racinaires de la patate douce, lui donnant un goût amer en cas de consommation humaine.
En ce qui concerne les méthodes de lutte, plusieurs possibilités sont envisageables. Cependant, en raison du manque de connaissances, du coût économique et de la non-disponibilité des produits phytosanitaires, elles ne sont pas utilisées par les producteurs. Parmi ces méthodes, l’utilisation d’insecticides tels que le Diazinon et le Tricel est courante. D’autres pratiques respectueuses de l’environnement sont également envisageables, comme la rotation des cultures, le contrôle des mauvaises herbes, la destruction des résidus de récoltes et la mise en quarantaine des boutures de patate en cas de non-production sur place. Il est important de noter que le collet des boutures de patate constitue l’habitat de transition du Cylas formicarylus avant le développement du tubercule.
Le piégeage de masse, une méthode simple mais efficace, consiste à utiliser des pièges à base de phéromones femelles pour capturer les mâles et interrompre le processus de reproduction, limitant ainsi les dégâts sur la production. Il convient de souligner que les recherches ont montré que le Cylas formicarylus peut causer des dégâts allant jusqu’à 30 % dans les plantations non traitées et 10 % dans les plantations traitées selon les données recueillies sur le site du ministère de l’Agriculture.
Quoi qu’il en soit, malgré ces chiffres significatifs, les instances concernées telles que le ministère de l’Environnement, le ministère de l’Agriculture et les universités demeurent relativement peu intéressées par le sujet, par rapport à d’autres pays où le Cylas formicarylus fait partie des préoccupations prioritaires.
Il est important de noter qu’Haïti répond à toutes les conditions pour une production et un développement optimaux de la patate douce, laquelle pourrait rapporter gros si elle était encadrée de manière adéquate par les autorités compétentes.
Auteurs :
- Agronome Grégaire Innocent
- Walter Darius, Étudiant en Agronomie